S’il y a bien un mois pour aller à Lisbonne, c’est celui de juin ! En effet, pendant ce mois, on ne compte plus les jours de fêtes. Parmi elles, la saint Antoine a une place toute particulière. Dès le 12 juin au soir, Lisbonne danse, s’amuse, se marie et mange des sardines, et ça ne date pas d’hier...
Les festivités commencent donc le 12 juin au soir par les marches populaires. Chaque freguesia (paroisse, Lisbonne est divisé en freguesias qui représente les quartiers de la ville) défile sur l’avenue de la Liberdade, la plus grande de la ville. Toutes ont un thème bien particulier, de la chorégraphie aux costumes, en passant par les musiques. Un jury nommera le plus beau défilé et récompensera l’heureux quartier.
Le 13 juin est férié à Lisbonne mais le reste du Portugal ne chôme pas. Pour Porto, il faudra attendre fin juin pour les fêtes de la saint Jean. Après une petite nuit (pour ceux qui dorment), il faut se préparer pour les mariages de la saint Antoine ! Saint Antoine étant supposé aider les jeunes femmes à trouver un bon mari, la mairie de Lisbonne décide en 1958 de célébrer 26 mariages de couples ayant peu de moyens. La tradition s’est arrêtée en 1974 avec la Révolution mais est heureusement reprise en 2004, 30 ans plus tard. Chaque année donc, pour la saint Antoine, la mairie sélectionne 16 couples. Tous se marient le 13 juin, en grande pompe dans la Sé, la cathédrale de Lisbonne. Ces mariages sont très suivis au Portugal, que ce soit à la télévision, ou sur place, où de nombreux curieux se pressent. Pour les couples qui n’ont pas la vedette ce jour-là, ils peuvent toujours s’offrir un pot de basilic et un poème de saint Antoine comme le veut la tradition. Mais attention, le basilic ne doit pas être touché pour être conservé le plus longtemps possible ! Le tout se fait dans une atmosphère de danse, de musique et surtout dans une odeur de sardines grillées… En effet, le mois de juin marque à Lisbonne et dans tout le Portugal le début de la saison des sardines. Elle démarre officiellement à la saint Antoine, le 13 juin, mais en réalité un peu plus avant. Pendant cette période qui s’étend de juin à fin septembre, les sardines sont les plus dodues, charnues et délicieuses ! Traditionnellement, la sardine est le poisson du pauvre au Portugal. A Lisbonne, ville populaire, ce poisson a donc beaucoup de sens et est un symbole fort. A tous les coins de rue sont installés de petits (et des plus gros) grills pour faire crépiter ces délicieux poissons ! J’en salive d’avance…Le 12 juin au soir, rendez-vous avenue de la Liberdade. Là, vous pourrez voir au mieux les défilés des freguesias de Lisbonne. Les lisboètes débordent d’imagination pour remporter le titre de plus beau cortège de la ville, et ça fait plaisir à voir. A noter que ce n’est pas le seul concours que la ville organise : chaque année, de nombreux dessins de sardines sont en lice pour faire partie des 5 plus beaux de la ville.
Après les défilés, vous avez le choix : tous les quartiers de la ville sont en fête ! Les plus prisés sont l’Alfama, surtout en dessous du miradouro de Santa Luzia, et aussi le quartier de Bica et de la Mouraria. Mais en général, vous aurez partout le droit aux danses, aux sardines et au vin qui n’en finit pas de couler pendant cette nuit plus que festive. N’oubliez pas de terminer votre nuit de folie en dégustant un caldo verde, une soupe de chou accompagnée de pain et de chorizo. Le plat national pour les fins de soirées. Le lendemain, il ne faut pas louper les mariages de la saint Antoine. Pour cela rendez-vous dans la Sé, la cathédrale de Lisbonne qui est située dans le quartier de l’Alfama. Le reste de la journée, vous pourrez continuer à manger des sardines grillées sans modération ! Toute la ville résonne de musique, jusque dans les stations de métro. Les maisons et les tramway se parent de leurs plus beaux atours. On ne se lasse pas de se promener dans les rues étroites de la ville, découvrir l’ingéniosité des habitants…En lice pour être le saint patron titulaire de Lisbonne, voici saint Antoine ! Ce natif du quartier de l’Alfama dispute sa place avec saint Vincent. De nombreux siècles plus tard, les lisboètes n’ont pas vraiment tranché, le débat reste ouvert… En attendant, laissez nous vous raconter l’histoire de ce saint.
Saint Antoine est né dans l’Alfama, comme on l’a dit, à la fin du 12° siècle, on ne connaît pas la date exacte. A l’époque, il s’appelle Fernando Martins de Bulhões, c’est un jeune noble portugais, destiné à la prêtrise. Un parcours somme toute très classique dans un Lisbonne reconquis quelques décennies plus tôt des mains des maures. En 1220 cependant, un petit groupe de 5 religieux franciscains, un tout nouvel ordre monastique venant d’Italie, est assassiné à coup de cimeterre par le roi de Marrakech au Maroc. La chrétienté est sous le choc et le prince du Portugal, Dom Pedro, qui avait voyagé avec eux, fait récupérer leurs dépouilles. Elles arrivent donc à Lisbonne pour être vénéré par la foule. Pour le jeune Fernando, qui a alors une vingtaine d’années, c’est une révélation. Admirant le courage de ces 5 hommes, il prend l’habit franciscain, devient frère Antoine et part aussitôt au Maroc. Mais sa santé est fragile, il doit être rapatrié. Les vents n’étant pas favorables, le bateau ne prend pas la direction du Portugal, mais de la Sicile. Là, il rencontre saint François d’Assise, le fondateur des franciscains. Il part ensuite vivre dans un monastère perdu dans le centre de l’Italie. Un jour, il remplace un moine au pied levé pour prendre la parole lors d’une importante messe. L’assistance est surprise par ses talents d’orateur. A partir de ce moment, il est envoyé prêcher dans les couvents d’Italie, puis dans le sud de la France, où il s’installe. Il rejoint ensuite le pape à Rome, pour le conseiller et meurt finalement à Padoue, d’épuisement, le 13 juin 1232. En plus d’être vénéré à Padoue et au Portugal, il est fréquemment prié contre l’infertilité, et pour retrouver les objets perdus… Pour la petite histoire, saint Antoine, à son arrivée à Brive dans le centre de la France, se fit dérober un livre auquel il tenait beaucoup. Selon la légende, il se mit à prier, pour que son bien lui soit rendu. C’est là qu’un jeune moine, tout penaud, toque à sa porte pour le lui restituer. A partir de ce moment, saint Antoine est fréquemment invoqué pour retrouver les objets perdus par la célèbre phrase : “Saint Antoine de Padoue, grand voleur, grand filou, rendez ce qui n’est pas à vous !”Mots clé ayant permis de trouver cette recherche :